Le bon curé de Ludres se prénommait Jean-Baptiste, et il exerça son sacerdoce à Ludres d’avril 1752 à la fin de l’an 1754. Au début de l’année 1755, Monseigneur Drouas, évêque de Toul le pria en effet de démissionner, à la grande satisfaction de la Comtesse Catherine de Hausen, qui se plaignait de la mauvaise conduite de son curé. On lui reprochait alors de « trop aimer la bonne chère et les plaisirs de la table », et il était aussi accusé d’un certain nombre de « délits de chasse ». Quelques temps plus tard, par décision de l’évêque, le curé fut enfermé à Médreville.
Il en fut libéré en juillet 1757, et s’en fût aussitôt au parlement de Lorraine. Il voulait retourner à sa cure, dont disait-il, il avait été expulsé violemment. Dès lors, des rumeurs circulèrent dans la paroisse, attirant l’attention de la police. Le 13 du même mois, Jean-Baptiste était arrêté. 14 jours plus tard, il était jugé, sans avocat et condamné à être étranglé, puis brûlé sur un bûcher. Il faut dire que lors du procès, nombre de Ludréens, enfants et adultes, étaient venus à la barre pour témoigner et accuser leur ancien curé.
La sentence fut exécutée le 3 août. Le bûcher fut dressé tout près de ce qui est aujourd’hui l’avenue du Bon Curé. Celui-ci fit preuve d’un tel courage que les prêtres présents au supplice furent alors convaincus de son innocence. La Lorraine était secouée.
Des partisans du prêtre de plus en plus nombreux, étaient persuadés qu’il avait été victime d’une erreur judicaire. Les Ludréens étaient montrés du doigt, et avaient été surnommés les « rôtisseurs ». Alors, commence la légende qui veut que le lieu du martyre soit devenu un endroit exceptionnel, un lieu où les femmes venaient prier, où des malades étaient guéris… miraculeusement, évidemment. Un lieu où jusqu’au début du siècle, des petites croix étaient plantées. La légende veut aussi que le malheur se soit abattu sur ceux qui brisaient les croix.